Un collectif de scientifiques, d’académiciens et de chercheurs appelle l’État à revenir sur sa décision d’autoriser la vente d’une Pascaline. Cette machine, inventée par Blaise Pascal, est la première calculatrice fonctionnelle de l’histoire. Symbole du génie français, elle est aujourd’hui la dernière Pascaline encore détenue dans une collection privée. Et elle pourrait bientôt quitter la France.
Un bijou d’ingéniosité au cœur du patrimoine français
Le 19 novembre, la maison Christie’s doit mettre en vente à Paris une des huit Pascalines connues au monde. Conçue entre 1642 et 1649 par Blaise Pascal, cette machine est considérée comme le premier calculateur mécanique fonctionnel de l’histoire.
Louis XIV lui accorda un privilège royal « dès à présent et à jamais ». Ce geste consacra l’inventeur clermontois comme l’un des pionniers du calcul mécanique.
Chaque Pascaline est unique : certaines ont été conçues pour les calculs en base 10, d’autres pour les finances publiques. Celle mise en vente cette année est la seule machine dédiée à l’arpentage, capable de traiter des unités anciennes comme la toise, le pied ou le pouce.
Une autorisation d’exportation qui scandalise
Le collectif de signataires de la tribune parue dans Le Monde, parmi lesquels figurent Serge Abiteboul, Hugo Duminil-Copin (médaille Fields 2022), Barbara Cassin et Laurence Plazenet (Université Clermont-Auvergne), dénonce une décision « incompréhensible » de l’État français.
En autorisant la sortie du territoire de la Pascaline, l’administration a renoncé à la classer trésor national — une protection qui aurait permis son acquisition par un musée français.
« Quelle ahurissante bévue ! Quelle incompréhension à propos de Pascal ! », s’indignent les auteurs, rappelant que ces machines sont de véritables “cathédrales de l’intelligence” destinées à servir le bien commun.
Une affaire qui dépasse la simple vente d’un objet
Cette affaire dépasse le cadre d’une enchère. Elle interroge la manière dont la France protège ses symboles scientifiques à l’heure où les œuvres d’art, les brevets et les inventions quittent trop souvent le domaine public.
Les signataires demandent au gouvernement d’annuler l’autorisation de sortie du territoire. Ils souhaitent que musées, mécènes et particuliers puissent se mobiliser pour racheter l’objet.
Selon eux, « la Pascaline illustre un rapport à la connaissance et au bien universel, une pensée du savoir qui honore la France ».




